Peu d’auteurs de comic books ont suscité autant l’enthousiasme, le dénigrement et la polémique que Frank Miller. Encensé par la critique française à la fin des années 1980, il fut affublé de tous les qualificatifs. Anarchiste révolutionnaire pour les uns, conservateur réactionnaire pour les autres, Miller est sous le feu des projecteurs depuis trente ans.

Après avoir dépoussiéré des justiciers urbains comme Daredevil ou Batman, Frank Miller a imposé une nouvelle écriture, privilégiant la voix interne des personnages, un découpage aride et frénétique, et un engagement politique dont les super-héros n’étaient pas toujours coutumiers. Avec des œuvres plus personnelles, comme Give Me Liberty, Hard Boiled ou son cycle Sin City, l’auteur s’est définitivement imposé comme une voix forte dans le concert bruyant de l’édition américaine.

Pourtant, il ne fait désormais plus l’unanimité. Ses ratés esthétiques dans le milieu du cinéma, ses prises de positions en faveur du gouvernement conservateur américain, et l’esthétique crypto-fasciste dont il a fait l’un des jouets favoris de sa panoplie, ont attiré sur lui un regard moins amène : si le graphiste éveille toujours les louanges, le scénariste attire davantage les méfiances.

L’ancien enfant gâté des comic books continue son bonhomme de chemin, se lançant sans retenue dans les projets qui le motivent et faisant preuve d’un mauvais goût de garnement dont il ne s’est jamais départi.

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