Quand Joe Quesada est arrivé en 2000 au poste d’éditeur en chef chez Marvel, il s’est fait la reflexion qu’il fallait : plutôt que de courrir après les nouveaux lecteurs impossibles à séduire faute d’une distribution correcte et de moyens marketing limités, il est allé à la reconquète des lecteurs perdus pendant les années 90. Un seul mot d’ordre : la qualité. Pour celà, il a embauché les meilleurs, et remis les dessinateurs stars sur les bonnes séries. Car si c’est une évidence d’avoir des stars sur les crossovers, c’est aussi bien de les avoir chaque mois sur des séries populaires. Et ca a marché : les lecteurs ont retrouvé le chemin des boutiques, le succès de New X-Men et Spider-Man version JMS en témoignent.

Car l’industrie a toujours fonctionné en mettant en avant ses grands noms : Jim Lee, Todd McFarlane, Michael Turner, Joe Madureira, Bryan Hitch, Steve McNiven, Dave Finch… Je suis de ceux qui pensent que chaque époque doit avoir ses stars, elles sont le moteur des comics, et poussent les ventes vers le haut, font parler, et provoquent cette excitation qui fait qu’on retourne semaine après semaine en boutique. Je crois aussi qu’à la fin des années 90, les stars qu’on avait porté au sommet n’ont pas été à la hauteur des attentes. Michael Turner, malade, n’a que peu produit, Joe Madureira est parti faire des jeux vidéos, J. Scott Campbell a joué sur la rareté… L’industrie s’est retrouvée sans stars, et Joe Quesada a du tout recommencer. Il a mis en avant des artistes naissants et les a porté vers la gloire. Tout celà a pris du temps, mais ca a marché : Bryan Hitch, Frank Quitely sont aujourd’hui des stars. Puis Marvel a misé sur ses Young Guns : Dave Finch ou Jim Cheung par exemple, et là aussi ca a marché. Le revers de la médaille a été que ces nouvelles stars se sont faites rares, cantonnées à des arcs courts ou des events sans lendemain.

Aujourd’hui Marvel revient en force avec la relance de ses séries au numéro #1 et fait les choses bien : remettre les dessinateurs au boulot, répondre à une demande, proposer une offre généreuse, et mettre les dessinateurs qu’on aime et qui vendent sur les séries qu’on achète. Deux exemples : Olivier Coipel sur Thor et Steve McNiven sur Captain America, deux séries qui vont revivre et qui vont se vendre, car on aime ces dessinateurs, et qu’on achetera plus volontier du beau que de l’experimental. Axel Alonso revisite ses classiques et utilise la même méthode que Quesada en 2000, il séduit les fans, les fait revenir, et ca marche, puisque tout le monde en parle, et que beaucoup d’entre nous attendent ces numéros #1 de Cap et Thor avec impatience.

Marvel est sur la voie de la guérison.