My Two Cents

My Two cents #3

Il est temps de retourner dans un comic shop.

Il n’y a pas meilleur moment pour retourner dans un comic shop.

Je propose qu’on commence dès ce mercredi.

On le sait les comics sont en crise depuis 3 ans. Les ventes chutent, les éditeurs peinent à trouver un second souffle, à conserver leurs lecteurs, à séduire. Devant cet état de fait, Marvel et DC se bougent, et proposent des relaunch. On en pense ce qu’on veut, mais ca marche, puisque les ventes d’un #1 sont toujours meilleures que celles d’un #544. Et puis Marvel et DC font les choses bien. La promesse est belle, on nous annonce des relaunch de qualité, de bonnes séries, écrites par les meilleurs, et dessinées par les artistes qu’on aime.

C’est l’heure de retourner dans les comic shops. Et cette révolution débute mercredi.

Pourquoi mercredi ?

– Parce que Marvel va nous proposer Captain America #1 par Ed Brubaker et Steve McNiven, et que les premières pages sont magnifiques.

– Parce que Joe Benitez nous offre le second numéro de Lady Mechanika, sa série est un succès, et c’est mérité, chaque page est une oeuvre d’art, c’est une série qui donne envie de se déplacer en boutique. Aspen ressort par ailleurs un mini-relié des épisodes #0 et #1 épuisés, c’est une occasion unique de découvrir une bonne série.

– Parce que Flashpoint #3 et Fear Itself #4 sont encore disponibles et que ces séries sont d’une haute tenue, et que le plaisir de lecture qu’elles offrent est immense.

– Parce qu’Ultimate Fallout #1 sort ce mercredi, et que Bendis et Bagley nous ont offert une nouvelle fois un arc magnifique avec la mort de Spider-Man et parce qu’on veut en lire plus.

– Parce que Red Wing #1 sort chez Image et que Jonathan Hickman brille sur Fantastic Four.

– Parce que Carlos Pacheco dessine X-Men : Schism #1 et qu’il va dessiner la nouvelle série Uncanny X-Men en Novembre.

– Parce que Dave Finch nous propose Batman The Dark Knight #3 encré par Richard Friend. Ensemble (et avec Monsieur Paul Jenkins) ils vont relancer cette série en septembre après ce mini-arc de chauffe. 

– Parce que les comics DC sont à 3$

Autant de bonnes occasions pour retourner en boutique dès ce mercredi et les suivants. Car ensuite, nous aurons Daredevil #1 par Mark Waid, Paolo Rivera et Marcos Martin, Humberto Ramos de retour sur Amazing Spider-Man, le retour de The Ultimates, Ultimate X-Men et Ultimate Spider-Man, Justice League par Jim Lee, Batman par Greg Capullo, Kick Ass #3, et tellement de belles choses.

Devant un crise sans précedant, Marvel, DC, Image et les autres ont réagi. Soyons là pour les soutenir, montrons leur que leurs efforts ont payé, et surtout, prenons plaisir à lire des comics de qualité.

My two cents #3

Quand Joe Quesada est arrivé en 2000 au poste d’éditeur en chef chez Marvel, il s’est fait la reflexion qu’il fallait : plutôt que de courrir après les nouveaux lecteurs impossibles à séduire faute d’une distribution correcte et de moyens marketing limités, il est allé à la reconquète des lecteurs perdus pendant les années 90. Un seul mot d’ordre : la qualité. Pour celà, il a embauché les meilleurs, et remis les dessinateurs stars sur les bonnes séries. Car si c’est une évidence d’avoir des stars sur les crossovers, c’est aussi bien de les avoir chaque mois sur des séries populaires. Et ca a marché : les lecteurs ont retrouvé le chemin des boutiques, le succès de New X-Men et Spider-Man version JMS en témoignent.

Car l’industrie a toujours fonctionné en mettant en avant ses grands noms : Jim Lee, Todd McFarlane, Michael Turner, Joe Madureira, Bryan Hitch, Steve McNiven, Dave Finch… Je suis de ceux qui pensent que chaque époque doit avoir ses stars, elles sont le moteur des comics, et poussent les ventes vers le haut, font parler, et provoquent cette excitation qui fait qu’on retourne semaine après semaine en boutique. Je crois aussi qu’à la fin des années 90, les stars qu’on avait porté au sommet n’ont pas été à la hauteur des attentes. Michael Turner, malade, n’a que peu produit, Joe Madureira est parti faire des jeux vidéos, J. Scott Campbell a joué sur la rareté… L’industrie s’est retrouvée sans stars, et Joe Quesada a du tout recommencer. Il a mis en avant des artistes naissants et les a porté vers la gloire. Tout celà a pris du temps, mais ca a marché : Bryan Hitch, Frank Quitely sont aujourd’hui des stars. Puis Marvel a misé sur ses Young Guns : Dave Finch ou Jim Cheung par exemple, et là aussi ca a marché. Le revers de la médaille a été que ces nouvelles stars se sont faites rares, cantonnées à des arcs courts ou des events sans lendemain.

Aujourd’hui Marvel revient en force avec la relance de ses séries au numéro #1 et fait les choses bien : remettre les dessinateurs au boulot, répondre à une demande, proposer une offre généreuse, et mettre les dessinateurs qu’on aime et qui vendent sur les séries qu’on achète. Deux exemples : Olivier Coipel sur Thor et Steve McNiven sur Captain America, deux séries qui vont revivre et qui vont se vendre, car on aime ces dessinateurs, et qu’on achetera plus volontier du beau que de l’experimental. Axel Alonso revisite ses classiques et utilise la même méthode que Quesada en 2000, il séduit les fans, les fait revenir, et ca marche, puisque tout le monde en parle, et que beaucoup d’entre nous attendent ces numéros #1 de Cap et Thor avec impatience.

Marvel est sur la voie de la guérison.

 

My Two Cents #2

Quand on lit des comics, on peut ne pas être d’accord. On peut préferer DC à Marvel, Wolverine à Spider-Man, aimer ou détester Deadpool, adorer Steranko ou détester Frank Quitely, vomir sur Bendis et Millar ou les trouver géniaux. Il y a autant d’avis que de lecteurs, et une chose qui nous réunit : le plaisir.

Je me souviens ce qui a motivé mes premiers achats comics : le plaisir et l’attente. Quand j’étais jeune, je lisais Titans. Je l’ai longtemps acheté en kiosque. La production Semic a augmenté, alors je me suis abonné pour faire des économies et acheter plus. Quand on a 50 francs d’argent de poche par mois, il faut faire des choix. Chaque début mois, j’étais comme un fou, l’attente était insupportable. J’avais reperé que dans l’ours, le staff de Semic rajoutait la date du dépot légal. De mémoire c’était le 5 du mois pour Titans, et le 10 pour Spécial Strange (ou l’inverse). Je savais donc quand devaient sortir mes titres, faisant le pied de grue chez mon marchand de journaux, où devant ma boite aux lettres. Je maudissais chaque grêve de la poste qui repoussait de quelques jours l’arrivée de mon Titans. Je dévorais Titans. Je lisais tout, au point d’être furieux quand dans les crédits, ils oubliaient de mettre à quel numéro américain correspondait le numéro Français (écrit entre parenthèses dans Spécial Strange, rarement dans Titans). Je ralais quand la couverture était couverte d’accroches bidons, quand un épisode des Nouveaux Mutants passait à l’as, ou quand ils ont pendant 3 mois remplacé toutes les séries par un Crossover Cosmique nullissime avec le Surfeur d’Argent. Le Surfeur d’Argent n’avait rien à faire dans Titans. Je me souviens avoir adoré Epsilon et Chronos, les Nouveaux Mutants d’Arthur Adams, Force Works, et même Blackwulf. Je me souviens avoir detesté Brett Blevins et Terry Shoemaker puis adoré Rob Liefeld, avant de changer d’avis en grandissant. Titans était une drogue.

On parle beaucoup des chiffres de vente de comics depuis 10 ans (depuis qu’ils sont disponibles en fait). On les commente comme on commente des chiffres les audiences de TF1, le score des films de Dany Boon. Notre societé a besoin de chiffres, de repères, d’une base pour comparer. Les lecteurs donnent leur avis sur la marché, sur les hauts et les bas des comics en single, sur les ventes de TPB, de HC et sur les évolutions de comportements.

J’achete mes comics surtout en VO, par confort de lecture et par coqueterie. J’ai longtemps acheté mes singles chez Gael. Puis Marvel a sorti beaucoup de belles éditions, des TPB et des HC. Amazon et les autres ont proposé des prix interessants, et je suis passé au tout TPB. J’ai économisé de l’argent, j’ai découvert plein de choses, rempli mon appartement de centaines de reliés, acheté des trucs inutiles, mais j’y ai perdu. J’ai perdu le plaisir de lire, d’attendre, et de dévorer ce format de 22 pages. Car les comics, on les aime ainsi, pour leur coté « série », pour leur coté « à suivre », le coté « feuilleton » avec ses cliffhangers et sa récurrence. Le TPB tue ce plaisir de lecture, et tue la frustration et le plaisir de l’attente. Alors certes, il y a de belles éditions, de magnifiques HC, de superbes Omnibus (je les collectionne plus que je ne les lis) mais rien ne remplace les mensuels.

Depuis un an, j’ai recommencé à acheter des singles en VO. Ils sont chers, mais quel plaisir ! Quel plaisir d’aller chaque mercredi en boutique, quel plaisir de prendre quelques comics en rayon en plus de ses réservations, quel plaisir de lire mois après mois Batman Inc. ou Ultimate Spider-Man. Il n’y a rien de meilleur pour un fan, pour un collectionneur. Les comics existent parce qu’ils sortent chaque semaine, c’est leur nature, et c’est la raison pour laquelle nous les achetons, peu importe le prix ou la qualité (on a tous acheté de numéros moisis). Il ne faut pas changer celà, il faut en jouer, justement, et s’inspirer de ce qui a fait leur succès pour les relancer (la télévision n’a fait qu’appliquer ces méthodes de feuilletons à suivre avec des cliffhangers au final). Revenons aux bases du média, et il vivra encore très longtemps. Lisez des comics, offrez en, soutenez les comme vous les aimez, ils sont produits pour vous, pas pour les enfants qui vont aller voir Thor et Captain America au cinéma.

My Two Cents #1


En temps de crise, Marvel relance la quasi-totalité de ses séries avec un nouveau numéro #1 (Fantastic Four, Thor, Captain America, Daredevil, Punisher, Avengers, New Avengers, Young Avengers, X-Men, X-Force, New Ultimate, Ultimate Spider-Man, etc…). Il faut dire que les temps sont difficiles et que les ventes sont très basses. Les USA connaissent une crise sans précédant, des millions d’américains ont perdu leur maison, la rigueur est de mise, difficile d’exister quand on propose des comics à 4$ l’exemplaire dans un marché de niche.

Quel accueil pour les nouveaux numéros #1 ? Nous le verrons dans les mois à venir. Si le succès d’un Mighty Thor #1 par Matt Fraction et Olivier Coipel est assuré, quel sera son niveau de vente après 6 numéros ? La série ne risque-t-elle pas de replonger dans les bas-fonds du classement et retrouver son niveau de ventes actuel.

Nous vivons dans un monde de l’immédiateté, où les gens consomment et passent à autre chose. Il est difficile de fidéliser dans la durée, et les comics n’échappent pas à cette régle. Les fans de comics disent vouloir lire comme dans les années 80 et 90 des longs runs par les mêmes auteurs, ce qui a d’ailleurs construit la popularité d’Uncanny X-Men dans la durée. Mais les temps ont changé, et les gens ne consomment plus ainsi. Ultimate Spider-Man et Daredevil en sont les exemples parfaits. Des séries qui ont connu une qualité constante et des créateurs réguliers pendant 10 ans, des heures de plaisir de lecteurs et d’excitation, pour voir chaque mois les lecteurs partir, un à un. Ultimate Spider-Man n’a jamais été aussi bon que sous l’ère Bendis / Lafuente / Pichelli et la série ne se vend plus. Il faur donc sans cesse du sang neuf, des events, des nouveaux créateurs qui arrivent à grand coup de pub chaque 6 numéros, sinon quoi les lecteurs passent à autre chose.

En Juillet Marvel va relancer Daredevil, série culte qui a connu deux grandes époques, celle de Frank Miller sous toutes ses formes (seul et avec David Mazzucchelli et John Romita Jr) et celle de Marvel Knights de Smith / Quesada / Bendis / Brubaker. Au top de sa forme, la série s’est vendue autour des 90 000 exemplaires (sous Kevin Smith). Quand Bendis a repris la série, elle tournait autour des 50 000 exemplaires. Avec l’aide et le talent d’Alex Maleev, la série est montée à 60 000 exemplaires. Depuis, elle n’a cessé de baisser (si on isole les numéros anniversaire comme le #100 et le #500 autout de 70 000 ex) pour se stabiliser autour des 40 000 exemplaires. Daredevil Reborn en ce moment est plutôt aux allentours de 30 000 ex.

En Juillet, Daredevil #1 sort. Mark Waid sera aux commandes avec deux dessinateurs très doués mais loin d’être des vedettes (Paolo Rivera et Marcos Martin). Que doit-on ésperer de ce relaunch ? Artistiquement, je pense qu’on aura droit à de jolies choses. Sur le plan des ventes, quel est l’objectif de Marvel ? Mark Waid vend moins de 15 000 exemplaires chaque mois d’Irreedeemable, les artistes n’existent que grace aux héros qu’ils dessinent (Spider-Man). Le numéro #1 pourrait atteindre 60 000 exemplaires au mieux, ce qui veut dire que le numéro #6 se vendra autour de 40 000 exemplaires, et donc un retour à la normale.

Alors pourquoi Marvel relance-t-il DD ? J’y vois trois intérets :

1) Marvel a déjà vu son lectorat grandir au fil des mois sur des séries de qualité. Ca arrive pas souvent mais ca arrive (exemples : Daredevil de Bendis, Ultimate Spider-Man qui a débuté à 50 000 exemplaires pour son numéro #1 avant de connaitre les sommets à plus de 100 000 exemplaires). Si Mark Waid est l’homme de la situation, Daredevil pourrait redevenir culte, et voir son lectorat grandir.

2) Il fallait faire table rase de l’époque Bendis / Brubaker. Certes, ces épisodes sont cultes et resteront dans la légende (comme ceux de Miller), mais il est temps de proposer DD à une nouvelle génération de lecteurs. En repartant du #1 et en proposant une nouvelle mythologie au personnage dans un univers moins Dark et moins glauque, on relance la machine pour 10 ans.

3) Les consignes de Marvel sont claires : Un nouveau film arrive d’ici deux ans, il faut maintenir le titre en vie, quitte à le rebooter chaque année.

Le plus grand succès comics de ces dix dernières années, c’est Walking Dead, qui a réussi à exister dans un marché difficile et qui gagne de nouveaux lecteurs chaque mois (autour de 30 000 pour les singles). La recette marche, elle consite à découper la séries en arcs de 6 numéros avec une cliffhanger à chaque fin de numéro et un gros cliffanger à la fin de chaque arc.

L’enseignement de tout celà, c’est que les modes de consommation ont changé, et qu’il faut regarder du coté de la télévision pour en prendre le meilleur.

Les comics existeront toujours sous leur forme actuelle mais vont évoluer. Aujourd’hui nous voyons les relaunch comme des anomalies, demain je pense que nous aurons des saisons de 6 à 12 numéros sur chaque série avec un nouveau numéro #1 chaque année avec de Cliffhangers et des auteurs de renom. Et comme tout celà n’est qu’un eternel recommencement, un jour nous reviendons au séries originales car elles auront le bon gout du terroir, du passé, et du bon pain d’autrefois.